Concrètement ça ne fait qu’un an que je me définis comme lesbienne. Avant, tout n’était pas bien clair ou tout l’était trop pour que je l’assume vraiment. Avec le recul, j’aurais dû m’en apercevoir avant, mais soit, c’est ainsi.
Donc, ça fait un an, sans que j'aie vraiment peur d'outer. Peut-être parce que dans le fond j’ai toujours pensé que ça se voyait et que par conséquence je n’aurais pas vraiment besoin de le dire. Bon, j’ai quand même pleuré en le disant à ma mère, mais c’est une autre histoire, c’était principalement pour l’amadouer.
Bref.
Je disais que j’ai toujours pensé que ça se voyait, donc pas de besoin particulier à confirmer ce que tout le monde sait déjà. Et j’ai raison. Bon, y’a eu cette fille de promo qui me disait que ça se voyait pas, mais je pense que c’est parce qu’elle avait ses lunettes de soleil. C’est pas possible autrement.
Déjà à Noël, alors que je faisais un CO de la mort qui tue dans le froid glacial de l’hiver, en disant à mon cousin que la personne dont il demandait des nouvelles était une fille, il m’a dit qu’il était déjà au courant. Je n’ai pas tremblé (sauf parce qu’il faisait froid), je n’ai pas bafouillé, je n’ai pas pleuré. Tout tombe à plat.
Habituellement, le coup du « je le savais déjà » passe mal. J’ai toujours envie de répondre « Comment tu savais alors que moi-même je ne savais pas ? » Et la plupart du temps je le prends mal, car je le prends comme un jugement, comme un truc du genre « Mais t’es trop conne ou quoi de pas l’avoir vu avant ». Bah ouais, je suis trop conne parce que si je l’avais vu avant justement, je n’aurais pas perdu mon temps et mon énergie à vouloir plaire à des gars qui moi-même ne me plaisaient pas.
Mais là je n’ai rien dit, peut-être parce que c’était mon cousin, allez savoir.
Ce soir, encore, j’en ai eu la confirmation de mon lesbianisme patenté et visible. Avec ma sœur et LaMalice qui me sert de Bibou, j’étais en ville (et personne n’a changé de trottoir) à la recherche du sac de l’année. A la fin de notre périple et alors que la plante de nos pieds commençait à se manifester, nous entrâmes dans KeyWest. Je me dirige directement vers les sacs, rapport au fait qu’on en a marre de marcher, et en vois un qui me plait. Le vendeur arrive et commence à nous parler. En principe, j’aime pas quand les vendeurs viennent me taper la discute, et le vendeur d’Atlantic une demi-heure plus tôt m’était largement suffisant, mais là je me suis laissée avoir par sa petite taille. Donc il vient et on lui autorise son petit quart d’heure de gloire. On rit avec lui, je lui soumets l’idée que je suis parfaite et essaie d’avoir la confirmation en me demandant si j’ai un mac. Yes I have, so I am que je lui dis. Ouais, non, je n’ai pas répondu en anglais (je ne voulais pas en faire trop). Donc le quart d’heure se passe et comme c’est ma sœur qui payait mon sac, je lui demande si le prix lui convient tout ça tout ça. Et d’un seul coup, la question à 100 000 : « Et sinon vous êtes ensemble ? » en nous regardant toutes les trois. Je ne voulais pas lâcher le morceau de suite, donc, je lui ai dit que c’était ma sœur, l’aimable personne qui payait à la sortie. Sauf que vraisemblablement cette réponse ne lui suffisait pas et il a voulu en savoir plus. Du coup, il s’est tourné vers LM et moi, pour savoir si on était ensemble. Extrait :
- Et vous êtes ensemble ?
- Oui.
- Ensemble, ensemble (en faisant se frotter ses deux index)
- Oui
- Ah oui, non mais vous auriez pu faire ménage à trois. Ça arrive aussi. (l’idée qu’on puisse être un couple de trois filles ne semblait pas du tout lui déplaire.)
- Oui, mais non.
And so on and so on.
Au début, il pensait que j’étais avec ma sœur parce qu’on se ressemblait et que certaines fois, les personnes en couple se ressemblent.
Oui mais non.
Je crois que j'ai pas fini d'en vivre des trucs du genre.